Les musées naturalistes face aux nouveaux enjeux : entre nouvelles technologies et protection de l’environnement

Photographie des tableaux réalisés par les enfants des CCAS de la Ville de Menton, dans le cadre du programme Art et Sciences. ©Musée de la Préhistoire, ADE Méditerranée

Résumé

Le musée de Préhistoire régionale de Menton propose, depuis plus de trente ans, des programmes de médiation culturelle, essentiellement dédiés aux écoles et centrés sur l’évolution de l’humain et ses activités (tailler la pierre, faire du feu sans allumettes ou encore modeler l’argile). En pleine métamorphose et profondément influencé par l’évolution sociétale, le musée doit s’interroger sur sa propre évolution et sur ses objectifs. Dans ce cadre, un dialogue entre les divers publics et les missions de l’institution au sein d’une collectivité territoriale est nécessaire. Quelle place devons-nous laisser aux présentations numériques et de réalité virtuelle au lieu des vrais objets ? Devons-nous simplifier les contenus afin de les rendre hautement accessibles et attractifs, au risque d’une excessive simplification ? En ce qui concerne notre institution, le monde virtuel n’a pas encore eu un impact sur nos présentations muséographiques ni sur les types de médiation, qui sont entièrement fondés sur la pratique, l’observation de l’objet et le contact humain, qui nécessitent une réelle implication de la part des acteurs publics ou médiateurs. Un choix d’équilibre entre simplification des contenus et discours scientifique est nécessaire afin de faciliter la compréhension, sans pour autant la déformer, et de la rendre accessible au plus grand nombre. Faciliter le dialogue des publics avec les dépositaires institutionnels du patrimoine scientifique et culturel devient une mission prioritaire pour la survie des musées.

Mots-clés : musées scientifiques, médiation, réalité virtuelle, contact humain.

Abstract

For more than 30 years, the regional prehistoric museum of Menton has offered cultural mediation programmes primarily dedicated to schools, focusing on the evolution of man and his activities (stone-cutting, fire production without matches or clay moulding). In full transformation and deeply influenced by social evolution, the museum must question its own evolution and its objectives. In this context, a dialogue between the various public and the institutional missions within a territorial community is necessary. What place should we leave for digital and virtual reality presentations despite the real objects? Should we simplify content to make it highly accessible and attractive despite excessive simplification? As far as our institution is concerned, the virtual world has not yet had an impact on our museum presentations, nor on the types of mediation that are entirely based on practice, object observation and human contact and which require real involvement on the part of public actors or mediators. A balance between content simplification and scientific discourse is needed to facilitate understanding without distorting it and making it accessible to a wider audience. Facilitating the dialogue of the public with the institutional repositories of scientific and cultural heritage is becoming a priority mission for the survival of museums.

Keywords: science museums, mediation, virtual reality, human contact. 

Les musées naturalistes face aux nouveaux enjeux : entre nouvelles technologies et protection de l’environnement

Aux origines d’un parcours muséographique

Le musée de Préhistoire régionale de Menton a ses origines dans le cabinet d’histoire naturelle de Stanislas Bonfils (1823-1909), ouvert en 1867. Le musée municipal se construit entre 1906 et 1909, sur le modèle d’un temple classique, avec cinq arcades en façade, et devient un lieu à vocation scientifique et culturelle. Ses collections préhistoriques, provenant essentiellement des grottes de Balzi Rossi (aussi appelées grottes de Grimaldi et situées en zone transfrontalière), sont le germe de ce premier musée de la ville de Menton, qui ouvre ses portes en 1910. Sa première grande transformation se produit en 1988, quand le professeur Henry de Lumley rouvre le musée avec une nouvelle exposition permanente de Préhistoire régionale. À ce moment, l’institution reçoit la qualification de « musée mixte », puisque inséré dans une cotutelle entre les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale. Dans le temps, les collections vont s’enrichir via les donations ou les dépôts de fouilles terrestres ou sous-marines, qui vont former un ensemble hétéroclite composé d’artefacts préhistoriques, d’objets archéologiques, de collections naturalistes et de restes humains. Depuis l’entrée dans le XXIe siècle, le musée a subi de grands changements et rénovations. La nouvelle exposition permanente de Préhistoire, ouverte au public en 2022, a plutôt pris une position de « musée hybride » (BONDAZ, DIAS, JARRASSÉ : 2016), dont la mixité de collections et de cotutelles nous amène à un questionnement essentiel : l’avenir du musée dans cette nouvelle ère.

Le contenu : réflexions et choix

Selon les consignes de l’ICOM 2022, un musée a une mission de conservation des biens patrimoniaux, mais c’est un lieu d’échange et de plaisir qui présente des missions éducatives et où les contenus doivent être une ressource impartiale et digne de confiance. Dans cette optique et en tant qu’institution à vocation scientifique, nous portons une attention particulière à la vérification scientifique de chaque contenu et à la façon de le présenter afin de le rendre compréhensible pour un large public, tout en évitant qu’un excès de simplification puisse provoquer des malentendus ou des raccourcis erronés, aptes à la récupération et à la déformation des informations exposées.

Une sélection extrêmement rigoureuse a été aussi appliquée au choix d’objets à présenter au public. Nous avons laissé une place prédominante aux originaux, retiré un maximum de moulages, et restons prudents quant à l’idée d’intégrer des espaces recréant des illusions visuelles qui, étant fortement « persuasives, courantes, hautement assimilables et accessibles à tous les publics, recréent des expériences qui sont avant tout divertissantes » aux dépens de la traçabilité et de la vérification de l’information scientifique promue, mission initiale des musées (PRINCE, LAVEN : 2023, p. 5).

L’intégration de présentations en réalité virtuelle dans le cadre du musée de Préhistoire de Menton aurait pu se diriger vers la reconstitution des paysages du passé pendant les crises climatiques les plus marquantes (l’exemple du maximum glaciaire, il y a environ 20 000 ans BP). Montrer leur impact sur notre territoire local reste tentant. On pourrait s’intéresser à l’aire transfrontalière et montrer ce changement d’écosystème radical, de la topographie du paysage avec une descente du niveau de la mer (estimé à – 150 m) à l’émergence d’une plaine steppique jalonnée d’espèces disparues comme le mammouth ou encore le rhinocéros laineux sur le littoral mentonnais. Mais sommes-nous sûrs que le message ainsi présenté sera vraiment perçu dans l’ensemble de sa complexité, en termes de phénomènes géologiques, climatiques, chronologiques ? Est-il possible de transmettre toute l’information nécessaire à la compréhension des phénomènes dans une animation en réalité virtuelle d’une durée extrêmement limitée, quelques minutes au maximum, sans une préparation théorique préalable du visiteur ? Une telle animation pourrait-elle porter à croire que ce phénomène naturel, d’une temporalité extrêmement longue, est comparable aux alertes climatiques actuelles, produites plutôt par une altération anthropique des écosystèmes de manière excessivement rapide ? Et encore, quelle place laissons-nous à l’imaginaire donnant accès aux visiteurs à un monde disparu à travers une « véritable » fenêtre virtuelle ? De plus, ces systèmes technologiques sont-ils compatibles avec les modèles de transition écologique en termes d’économie d’énergie et donc de ressources ? Les questions sont nombreuses et les réponses incertaines.

Un autre aspect concerne la présentation des restes humains et la façon de les mettre en valeur dans un esprit de respect. Un cadre éthique et déontologique, en accord avec les préconisations des musées de France, était une priorité (CADOT : 2007, p. 12). L’exposition publique de restes humains au milieu d’artefacts n’apportait pas d’informations décisives pour la compréhension du message scientifique que nous voulions faire passer. C’est pour cette raison que nous les avons tout simplement retirés, en évitant qu’ils puissent être perçus comme de simples objets dans un ensemble de produits culturels inanimés. Cependant, dans les réserves et sur demande, nous montrons ces collections aux professionnels ou aux étudiants du domaine médical, de l’archéologie et de la Préhistoire dans un objectif d’étude et de recherche. En revanche, nous avons laissé une série de moulages de crânes représentant la famille des Hominidæ (qui regroupe gorilles, chimpanzés, orangs-outans, bonobos et les humains) dans l’espace concernant l’évolution humaine, thématique renforcée par le maintien des « dioramas » de 1988 présentant, sous forme de scènes de la vie quotidienne, des sculptures de nos ancêtres en taille réelle, réalisées par l’artiste Erik Grankvist. Un dessin du paysage, reconstitué à partir des données scientifiques et réalisé par Éric Guerrier, complète le panorama de chaque période.

Une seule sépulture (un moulage) est exposée au musée de Préhistoire. Il s’agit de celle de l’homme de Menton, découverte dans la grotte de Cavillon (grottes de Grimaldi) par Émile Rivière en 1870 et récemment rebaptisée « dame de Cavillon ». L’originale – qui, entre-temps, a été fouillée – est conservée au musée de l’Homme, à Paris. Devenu document historique, ce moulage de sépulture permet non seulement d’évoquer l’anatomie des hommes modernes (Sapiens), mais aussi d’être en contact direct avec un individu de la Préhistoire. Il s’agit d’une femme âgée, dont le corps porte des traces de pathologies et de traumatismes. Le soin avec lequel elle a été inhumée montre le respect et l’empathie de groupe envers un individu fragilisé par l’âge ou par la maladie, mais aussi le maintien de traditions et de liens culturels. La présence de cette sépulture permet également d’évoquer le contexte climatique et les modèles d’adaptation aux ressources au sein d’un groupe humain ayant connu une grave crise climatique il y a 20 000 ans (au stade isotopique 2), phénomène associé à la présence, sur place, d’espèces telles que le mammouth ou le renne. L’émerveillement du public est immédiat !    

Quelle implication pour les musées dans les enjeux écologiques ?

Empruntant le concept d’« écomusée », centré sur l’évolution du territoire, nous avons dimensionné les préoccupations du public, comme l’appauvrissement de la biodiversité ou le changement climatique, à une échelle locale (régionale) et nous avons adapté nos informations pour qu’elles puissent être communiquées au grand public ou intégrées à des programmes éducatifs afin de maintenir notre rôle de « musée scolaire » (BONDAZ, DIAS, JARRASSÉ : 2016).

Dans cette dynamique, nous avons mis en place un dialogue entre les diverses thématiques autour d’un axe commun : le temps. Une présentation chronologique permet de relier les divers espaces d’exposition et de déployer un discours cohérent entre les deux thématiques fondamentales, à savoir la nature (biodiversité, préservation de l’environnement, adaptation d’espèces dans une chronologie longue) et la culture (développement de sociétés humaines dans l’ensemble de leurs aspects, croyances, art, technique, et leur adaptation aux ressources). Pour une approche pratique et en tant qu’héritiers d’une institution fondée par l’un des précurseurs de l’archéologie expérimentale (BONFILS, SMYERS : 1872), nous avons développé des ateliers permettant de faire du feu, de modeler de l’argile et de réaliser des poteries, d’utiliser des ocres pour peindre comme les hommes de Cro-Magnon ou de pratiquer les premières formes d’écriture sur tablette en argile.

Malgré la diversité de ces animations, le volet « nature » était sous-représenté dans ce type de médiation pratique. Nous avons donc décidé de travailler sur la protection de la biodiversité et d’enrichir le discours théorique sur l’origine maritime de notre territoire depuis les ères géologiques (via la surrection alpine et les modifications du littoral selon les pulsations climatiques). Nous avons constitué une petite collection d’échantillons géologiques de provenance locale et créé une série d’itinéraires proposés aux visiteurs et aux écoles. Des documents sous forme de schémas du littoral, cartes modifiées reproduisant de manière précise la topographie locale lors des phases de transgression ou de régression marines, et une partie conséquente des objets exposés de manière permanente ont été voués à la biodiversité, tout particulièrement marine.

Notre institution avait également besoin d’un espace évolutif pour des présentations temporaires. Faute d’une salle dédiée, nous avons choisi d’insérer ces développements en complément dans le parcours permanent. Certes, cette stratégie offre la possibilité d’approfondir et de développer certaines thématiques, mais elle ne permet pas d’explorer vraiment au-delà du parcours permanent du musée. De même, il nous faut respecter ce cadre pour les événements culturels majeurs du musée (Journées du patrimoine, Nuit des musées, etc.).

Attardons-nous sur un exemple mis en place pour la Fête de la science 2023, événement organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La thématique générale proposée était celle du sport. Nous avons choisi la plongée sous-marine pour sa fonction de surveillance des fonds marins et son engagement pour la protection de la biodiversité. Notre objectif était de faire connaître la biodiversité marine locale à travers les âges. Nous avons particulièrement mis en avant les espèces en danger, comme la grande nacre (Pinna nobilis) ou le corail rouge (Corallium rubrum). Même si elle était très divertissante, la projection de films de vulgarisation concernant la préservation des fonds marins et la reconnaissance d’espèces s’est révélée peu efficace dans le cadre scolaire et sans impact sur le public, en général. En revanche, en collaboration avec l’association locale ADE Méditerranée, la présentation d’un aquarium avec quelques espèces de la flore et de la faune méditerranéennes, dans l’espace dédié à l’archéologie sous-marine, a mis l’environnement marin au centre de l’attention des visiteurs. Un atelier pratique pour les élèves incitant à classer les restes de diverses espèces à partir d’un arbre phylogénétique (document papier) et un jeu de piste consistant à reconnaître des fossiles présentés dans des vitrines de l’ensemble du musée complétaient l’offre pour cet événement. Étaient impliqués des mollusques, échinodermes, crustacés, spongiaires, cnidaires, ainsi que des fossiles du Secondaire et du Tertiaire locaux.

L’idée était basiquement de montrer de manière visuelle et tactile l’immense variabilité de formes et de tailles existant dans le monde sous-marin sur des exemples totalement locaux. Dans ce cadre et selon les âges du public, nous avons développé divers degrés d’exploitation pédagogique, traitant des sujets tels que l’usage à travers le temps des produits d’origine marine (nacre, coquillages, perles) par les diverses populations humaines, mais aussi la diversité de formes, de couleurs ou de modèles de vie et de reproduction. Chaque groupe disposait de l’un d’entre nous, en tant que médiateur, pour les guider à chaque étape de l’animation et pour mieux ajuster le discours scientifique selon les capacités de concentration et les connaissances des groupes.

Chaque animation commence ainsi par une sorte d’évaluation de niveau, qui consiste à entamer une conversation et à poser des questions de manière décontractée et interactive autour du sujet principal de l’animation afin d’évaluer leur niveau, mais aussi les intérêts particuliers et les questionnements auxquels nous pouvons répondre. Cela s’avère impossible si nous traitons chaque interaction avec nos publics d’une manière plus impersonnelle, en proposant des audios ou des audiovisuels génériques, par exemple. Si ce genre d’action nous ferait gagner du temps, à dédier à nos autres missions, comme la recherche, le traitement des collections ou encore les gestions administratives au sein de la structure, nous trouvons que l’impact négatif est trop important.  Coupée de nos publics, cette sorte de médiation standardisée ne s’adapte pas aux objectifs de qualité d’une petite structure comme la nôtre.

Comme à notre habitude, les ateliers étaient inclusifs ; toutes les propositions possédaient plusieurs niveaux, incluant des options très allégées en informations afin d’être accessibles aux plus jeunes (petite enfance et maternelle, donc des enfants de moins de 5 ans). De plus, dans le cadre de la participation du musée de Préhistoire au forum Art et sciences, mené par l’université Bordeaux-Montaigne (MICA) sur le thème « Répertoire précieux des formes », qui s’est déroulé à Menton en mars 2024, les crèches ont participé en proposant aux tout-petits de reproduire des formes fossiles de patelles et de nummulites, travail qui a permis aux enfants d’aborder la diversité des formes géométriques plus ou moins simples (triangle, spirale, cercle).

Dans ce cadre concret du forum autour de la thématique « Art et sciences », nous avons choisi la collaboration avec une autre institution pour disposer d’éducateurs et d’éducatrices confirmés, ayant l’habitude du travail avec des enfants en bas âge. Après une séance de présentation du projet de découverte de formes concernant le milieu sous-marin et la représentation de ces formes sur divers supports, les enfants ont été amenés à manipuler, lors de diverses séances, des exemplaires de patelles, nummulites et grandes nacres. Chaque séance de manipulation a porté sur une activité de représentation de formes brutes en 2D, sur papier et avec crayons de couleur. Après ces séances, c’est en milieu de crèche que l’éducatrice chargée du projet a développé leur représentation sur des formes en 3D, telles que le moulage de patelles, avec de la pâte à modeler naturelle (pâte à sel), ou encore la découpe de cercles afin graver des lignes, points ou spirales. L’incrustation sur pâte à sel de fragments de nacre a aussi fait partie des activités proposées dans ce cadre. Chaque enfant ayant ainsi produit une série d’éléments d’inspiration marine, la suite du projet était de les inclure dans leur contexte aquatique. L’idée de les rassembler sur un support évoquant les fonds marins a conduit à la réalisation d’un petit cadre en toile décoré en diverses tonalités de bleu, réalisées à l’aide de pinceaux ou de rouleaux, récréant une sorte d’évocation des courants marins et des mouvements de l’eau.

Ces ouvrages ont été présentés dans la salle d’exposition où le forum Art et sciences s’est déroulé, au même titre que ceux issus de la collaboration de l’association ADE Méditerranée avec les institutions scolaires ayant adhéré au projet.

Conclusion

Malgré les efforts pour faire des présentations scientifiques simplifiées et varier les activités pratiques, force est de constater que la médiation humaine reste l’idéal dans le cadre d’un musée à vocation scientifique. Dans notre cas, c’est la meilleure façon de nous assurer qu’il existe une véritable compréhension du contenu et de générer les liens nécessaires entre les thématiques nature-culture.

Cela implique un investissement personnel de la part des médiateurs, souvent scientifiques de formation, mais qui mènent en même temps plusieurs tâches à l’intérieur de l’institution. Se tenir informés des nouveautés scientifiques, les rendre accessibles et les vulgariser, trouver les activités reliées aux découvertes font partie de leurs attributions. Cependant, nous constatons qu’il est difficile d’attirer les visiteurs, ces derniers préférant nettement des activités plus divertissantes. Notre discours peine à capter leur attention. Pourtant, le rôle des musées est d’éclairer, d’éduquer et de transmettre les informations nécessaires pour que chaque individu puisse disposer des clés de compréhension et agir en totale conscience et responsabilité sur des sujets aussi sérieux que la préservation de la biodiversité. Il est de notre responsabilité d’attirer l’attention sur la fragilité du rapport entre les diverses formes de vie interdépendantes et sur les facteurs d’altération qui agissent de manière irréversible sur celles-ci.

On souhaiterait que l’éducation permette un réel rapprochement des publics et des lieux à vocation scientifique. Ceux-ci préservent, pour l’intérêt commun, les vestiges d’un passé lointain, exemples concrets d’anciennes cultures humaines ayant su survivre et s’adapter aux changements naturels, mais aussi aux changements dus à leur propre développement. Pour cela, notre rôle, à l’heure actuelle, est de créer un discours fiable qui tient compte des dernières découvertes et qui serait capable de créer un lien régulier et stable avec les citoyens d’aujourd’hui et de demain.  

Cependant, nous avons appris qu’une voie était ouverte dans le cadre de la collaboration inclusive, en travaillant avec d’importantes structures comme les centres communaux d’actions sociale (CCAS) et les crèches. Ce projet, développé en plusieurs étapes, a créé une dynamique d’adaptation de thématiques ayant une réelle consistance d’éléments de fond. Cela a permis aux enfants d’accéder aux collections, jusqu’alors nettement moins accessibles à des groupes de leur âge, mais nous avons eu également accès à une sorte de médiation collaborative avec des professionnels qui ont trouvé, dans les voies thématiques que nous avons proposées, des buts de développement des enfants très stimulants. La communication entre éducateurs et familles aide à la diffusion de ce genre de projets, plus percutant qu’une simple activité créative réalisée en une seule séance, sur un thème isolé. Cependant, nous souhaitons, à la suite de ces expériences collaboratives entre sciences et art, essayer des techniques d’immersion douce et inclusives. Dans ce cadre, nous avons choisi de mettre en œuvre, lors de notre prochain projet d’exposition temporaire, des techniques de lumière tamisée et de sons afin de recréer le fond marin et de présenter les résultats de recherche propres au musée au sein des recherches archéologiques sous-marines. Nous sommes peut-être en train de trouver notre propre voie !

Notice biographique

Après un parcours universitaire en Préhistoire et en archéologie à l’Universidad Autónoma de Madrid (Espagne), sanctionné par l’obtention d’un doctorat ès sciences en 2004, Almudena Arellano Alonsa devient fonctionnaire territoriale et guide-conférencière chargée des collections, de la réalisation d’expositions temporaires et de la création de parcours pédagogiques, de cours et de conférences au musée de Préhistoire régionale de Menton. Elle est également collaboratrice de la surintendenza archéologique de la Ligurie pour le site des grottes de Grimaldi et chercheure associée à l’Universidad Francisco Marroquín (Guatemala).    

Bibliographie

Bibliographie

  • BONDAZ Julien, DIAS Nélia et JARRASSÉ Dominique (2016), « Collectionner par-delà nature et culture », Gradhiva, Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, n° 23, « Collections mixtes », p. 28-49.
  • BONFILS Stanislas et SMYERS L. (1872), Recherches sur les outils en silex des troglodytes et sur la manière dont ils les fabriquaient, Nice, V.-E. Gauthier.
  • CADOT Laure (2007), « Les restes humains : une gageure pour les musées ? », La lettre de l’OCIM, n° 109, p. 4-15.
  • PRINCE David et LAVEN David (2023), « The future of museum. Why real matters more than ever », Museum Worlds: Advances in Research, n° 11, p. 131-135.